«Expéditions entre Papouasie et Petites îles de la Sonde sur les traces d'Alfred Wallace...». Plus que le titre -Au premier matin du monde-, c'est sans doute le sous-titre qui résume le mieux ce bel objet réalisé à l'initiative de la fondation Iris. Une aventure environnementale réunissant sur un même bateau, scientifiques, photographes, vidéastes et dessinatrices dans les pas du célèbre naturaliste, cofondateur de la théorie de l'évolution au XIXe siècle. Textes, photos (sublimes) et carnet de voyage y recensent l'incroyable biodiversité de lieux préservés.
Quelle est la genèse de ce livre ?
Jean-Marie Hullot : j'ai observé la dégradation de la nature au cours de mes nombreux voyages avec ma femme, biologiste. Nous avons donc décidé, il y a cinq ans, de créer la Fondation Iris pour «aider à sauvegarder la fragile beauté du monde». La structure finance des projets d'agroécologie et de protection des sites naturels et des espèces. Nous soutenons aussi des expéditions scientifiques dans le monde en veillant à leur médiatisation. Ce livre témoigne de deux expéditions menées en Indonésie pour réaliser de la veille environnementale. Pour le faire, nous avons embarqué aux côtés de scientifiques, des photographes, un vidéaste et une dessinatrice. J'ai découvert le travail de Stéphanie sur Facebook et j'ai eu envie de l'embarquer avec nous.
Stéphanie Ledoux : je suis amoureuse de la nature et biologiste de formation: le sujet m'a tout de suite parlé. Dans mes voyages, j'ai aussi constaté l'impact du tourisme et des populations sur la nature. Je me suis mise avec plaisir au dessin naturaliste pour servir une cause environnementale qui a du sens à mes yeux.
Quel bilan tirez-vous de ces expéditions ?
JM.H : nous avons réalisé deux expéditions : dans les petites îles de la Sonde durant l'été 2015 puis dans les Raja Ampat et sur la côte sud de la Papouasie occidentale pendant l'hiver 2016-2017. Nos constats ? La surpopulation des petites îles de la Sonde qui entraîne la destruction du récif corallien, la surpêche, la pollution et la déforestation. Nous avons découvert aussi une espèce invasive : le plastique ! La nature était bien plus sauvage en Papouasie là où Stéphanie nous a accompagnés.
SL : oui, j'ai été émerveillée par les forêts primaires, les récifs intacts et leur cortège complet de poissons, les coraux non blanchis de Papouasie. Il existe encore des endroits dans le monde préservés…mais menacés. Cela me donne envie de mener un travail plus engagé, de mettre mes dessins au service de la diffusion des idées de préservation.
Quelle suite allez-vous donner à ces expéditions et au livre ?
JM.H : on veut agir ! Pour lutter contre la pollution des plastiques, nous soutenons désormais l'expédition Septième continent, une association qui s'est spécialisée sur ce sujet. Nous avons financé l'achat de leur nouveau navire d'exploration. Nous réfléchissons aussi à d'autres actions de préservation et à la question de l'écotourisme. Nous avons observé en Papouasie un modèle exemplaire. Il existe des bonnes pratiques à diffuser.
SL : j'ai réalisé que le carnet de voyage constitue un excellent support pour sensibiliser aux questions de l'écologie. J'interviens dans des collèges avec mes croquis sur ce thème. D'ailleurs pendant l'expédition, j'ai appris à dessiner sous l'eau, sur un papier plastifié.
Pourquoi le titre «Au premier matin du monde» ?
SL : en Papouasie, nous avons été émus par une aube dans la forêt de nuages, bercés par le chorus des oiseaux. Un moment de grâce, l'impression de revenir aux origines de la vie.
JM.H : avec ces expéditions, nous souhaitions nous inscrire dans les pas d'Alfred Wallace, le naturaliste fondateur de la théorie de l'évolution avec Darwin et auteur de L'archipel malais. Les gens retiennent de cette théorie les questions de domination, de prédation, alors que tout ce que nous avons observé de la vie animale n'est que coopération.

, expéditions entre Papouasie et petites îles de la Sonde sur les traces d’Alfred Wallace, coédité par la Fondation Iris et Hozhoni. Publié le 11 octobre.