Son combat ? Les violences conjugales qui concernent 80% des femmes indigènes du Canada, les agressions sexuelles, le féminicide. Victime et fille de victime, Fanny Wylde est devenue avocate pour défendre les femmes des communautés autochtones. Pour pouvoir un jour dire à sa fille que « ce n'est pas parce qu'elle est autochtone quelle doit subir la violence ». Originaire d'une communauté algonquine au nord-ouest de Montréal, elle a parcouru des milliers de kilomètres à travers le Canada pour aider des familles à témoigner dans le cadre de la commission d'enquête nationale sur les femmes autochtones disparues et assassinées. Elle officie aussi comme procureur dans les cercles de justice des communautés autochtones qui prônent une justice réparatrice. L'empathie, la compassion, la soif de justice animent Fanny dans sa lutte pour briser le cercle de la violence.
Une commission d’enquête nationale pour établir la vérité
Depuis 2015, une commission instruit les cas de femmes autochtones disparues ou assassinées. Fanny aide les familles à témoigner, à livrer leur souffrance. Aux actes de violence, se superposent le racisme, le désintérêt de la police, le manque de courage politique, l’indifférence des média. La commission d’enquête offre une lueur d’espoir et de justice pour les familles des victimes et un chemin vers la réconciliation de toute une nation.
La justice arctique: un modèle de justice réparatrice ?
Les communautés autochtones appliquent un système de justice millénaire qui privilégie la réparation à la punition. Un système où l’on prend soin des victimes et des accusés. Fanny Wylde a accompagné l’installation d’initiatives de ce type de justice alternative dans 31 communautés autochtones du Canada. Le taux de récidive réduit de moitié a inspiré la mise en place de programmes de justice restauratrice en Europe, dont en France.
Les générations sacrifiées des enfants arrachés à leurs familles
Parmi les témoignages recueillis dans le cadre de commission d'enquête, celui de Françoise, la grand-mère de sa fille, a bouleversé Fanny Wylde. Enfants, le frère et la sœur de Françoise ont disparu après leur admission dans un hôpital sans le consentement de leurs parents. Trente ans plus tard, Françoise a retrouvé sa sœur, vivante. L'enlèvement des enfants, souvent placés dans des pensionnats indiens entre la fin du XIXe et du XXe siècles pour éradiquer leur culture, a profondément meurtri la société autochtone.
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