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Kenya

Nairobi, le monde est faune

Grandes destinationsdossier
Girafes, singes, éléphanteaux, oiseaux… A l’écart des safaris qui font la réputation du Kenya, le parc national de la capitale du pays abrite plusieurs espèces en danger. Visite avec skyline à l’horizon.
par Claudia Lacave, correspondante à Nairobi
publié le 6 décembre 2019 à 17h21
(mis à jour le 14 janvier 2020 à 16h48)

Infinies savanes où vagabondent lions, girafes et zébus tout droit sortis d’Out of Africa, chants massaïs rythmés par les tambours, réminiscences des livres de Kipling ou de Kessel… Telle est l’image d’Epinal que véhiculent toujours le Kenya et ses safaris pour touristes fortunés. Mais loin des grandes réserves, des 4 × 4, et des chapeaux de brousse, Nairobi, la capitale en ébullition perpétuelle, est déjà le royaume des animaux. La ville est un véritable zoo à ciel ouvert accueillant espèces libres, rescapées du braconnage ou fermes animalières.

Ainsi, entre trafic incessant et poussière omniprésente, il est courant de croiser des singes qui se promènent sur les murets et parfois dans les maisons, à la recherche de nourriture - la rumeur court qu’ils apprécient particulièrement les parfums européens. De nombreux oiseaux cohabitent aussi avec les humains et, le soir venu, le cri railleur des ibis hagedash au plumage noir en fait râler plus d’un. Son homologue plus discret, l’ibis sacré au plumage blanc, est, lui, installé dans tous les quartiers tandis que le grand marabout d’Afrique, impressionnant par son cou déplumé, préfère les abords du parc Uhuru.

Une girafe Rothschild avec vue sur la capitale, Nairobi. Photo Claudia Lacave

Ailleurs, ce sont des troupeaux de chèvres que l’on croise. En parfaite autonomie, elles passent leur journée dans les rues à manger les biodéchets laissés par les snacks du bord de route. Elles ne sont pas sauvages et appartiennent bien à un éleveur. Autour de l’importante route Ngong, on peut rencontrer quelques troupeaux de vaches.

Mais c’est aux portes de la ville que se trouve un des parcs nationaux les plus fameux, qui abrite aussi un orphelinat pour éléphanteaux et un centre de protection des girafes. Visite.

1- Le parc national de Nairobi

A 7 kilomètres à peine du centre-ville, le parc national de Nairobi, avec plus de 117 km² , s'étale dans le sud de la ville. Il est clôturé sur trois côtés seulement pour permettre la migration des espèces, dont une centaine de mammifères et quelque 400 types d'oiseaux. Un premier tour à pied d'environ 2 km dans la partie du parc aménagée en zoo est accessible au prix de 20 euros. Singes, rhinocéros noirs, autruches, guépards, lions se laissent tranquillement contempler alors que dans le lointain se dessine la skyline de la ville. Par temps de pluie, seuls quelques groupes scolaires osent la visite. Les soigneurs qui officient là accompagnent le voyageur. Dixon fait partie des huit employés qui s'occupent des animaux. Il les connaît tous. Il sait quel cri réveille les hyènes et quel bruit attire l'autruche. De trente minutes à deux heures selon l'intensité de la visite, le safari walk n'est qu'un avant-goût du parc.

La visite se poursuit en voiture aux côtés de Paras Chandaria, notre guide, également «homme d'affaires» un photographe passionné, qui accompagne régulièrement les visiteurs du parc. Il est tôt et le ciel brumeux du matin laisse encore apercevoir la Lune, mais les groupes s'activent déjà sur le parking. Pendant que la Land Rover cahote sur la route irrégulière, le guide scrute l'horizon. Soudain, il arrête la voiture et sort ses jumelles. «Il y a des impalas qui courent, donc il y a quelque chose…» Au bout de quelques minutes d'attente silencieuse - et vaine -, le safari reprend sa route.

Paras Chandaria aime tous les animaux, mais il n'y a que les espèces qui chassent qui l'intéressent vraiment. Les félins sont la perle qu'il faut voir et les guides restent en contact par téléphone ou radio pour les localiser. Trouvés ! Les lions, tant attendus, ont été repérés. Et le guide de pester car il a emprunté le mauvais chemin. «S'il est trop tard, on ne verra rien, ils ne sont actifs que le matin.» Il met les gaz et une quinzaine de lions apparaissent bientôt sur le bord de la route. Ils sont en train de finir leur repas et trois lionceaux jouent autour d'eux. Ils auront droit aux restes.

Après un long moment de toisage mutuel, nos voitures reprennent leur route. Paras est bien décidé à nous dégoter un ou deux léopards, «le plus sexy des animaux». Et le plus dur à trouver également. Dommage. Mais la beauté à couper le souffle des espèces plus paisibles du parc - girafes, buffles, rhinocéros, crocodiles, oiseaux de chasse, antilopes, oiseaux multicolores et zèbres - nous aura tout autant comblés.

Les éléphanteaux orphelins sont nourris toutes les trois heures au biberon. Photo Claudia Lacave

2- Un orphelinat pour les éléphanteaux

Dès 10 h 30, une centaine de touristes en short et bob fait déjà la queue. Moyennant 5 euros symboliques, il est possible de découvrir les écuries pour pachydermes et l’enclos de terre rouge où les bébés sont nourris. Les voilà, des petites trompes et des grosses pattes, qui accourent vers les soigneurs. Ils auront deux biberons contenant un mélange de lait en poudre, d’eau et de vitamines. Sourires garantis.

Après la tétée, les orphelins s’adonnent à leur jeu favori : les galipettes dans la boue au grand bonheur des visiteurs. Pendant ce temps, un des soigneurs détaille au micro le quotidien des pensionnaires : nourris au biberon toutes les trois heures pendant trois ans, ils dorment avec un soigneur. Tous ont un peu la même histoire tragique : retrouvés seuls, séparés du troupeau car victime des braconniers ou des villageois défendant leurs terres.

3- Un centre pour les girafes

Un peu plus loin, ce sont les girafes Rothschild qui sont chouchoutées. Ce centre, branche de l’African Fund for Endangered Wildlife (Afew), créé en 1979, a pour but d’éduquer les jeunes et les curieux à la défense de cette espèce en danger. Dans un coin de forêt, il est ouvert tous les jours de l’année. Dès la billetterie, l’enclos bordé de touristes est visible. Et, star des selfies et des caresses : les girafes aux pattes blanches, signe distinctif de leur espèce. Le centre distribue aux visiteurs des sachets de granulés pour que chacun puisse tendre la paume vite nettoyée par les langues bleues. Dociles, les girafes vont de main en main.

Treize personnes travaillent au centre, dont six permanents qui s’occupent des plus jeunes mammifères. Ces derniers, nés ici ou sauvés dans la nature, seront relâchés à l’âge de 3 ans dans des parcs naturels.

Pour ceux qui n’auraient pas eu leur dose, un hôtel-restaurant est installé à quelques centaines de mètres et accueille les girafes en dehors des heures d’ouverture du centre. Elles s’inviteront même à votre table pour le dîner.

De jour comme de nuit

Y aller

Le parc national est situé à la périphérie de Nairobi. Pour s'y rendre, armez-vous de patience et partez à la recherche des bons bus qui s'arrêteront juste devant l'entrée, à une quinzaine de minutes à pied de l'orphelinat et à une vingtaine de minutes du centre des girafes.

Y manger

A toute heure et n'importe où dans la ville, c'est possible, que ce soit dans un restaurant ou un street-food. Attention toutefois à l'hygiène de certaines échoppes. En centre-ville, le Pronto et le Kilimanjaro Lavish sont à tester.

Y boire un verre

La vie nocturne dans la capitale kényane est riche et animée.

Certains quartiers, comme Westland, permettent de boire un verre en toute tranquillité. Installé au Brew Bar, situé en haut de la Fortis Tower, le panorama nocturne de Nairobi s’étale sous vos yeux. Pour danser, essayez le JS Bar Kitchen.