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Libération
Ma frontière bien aimée (4/36)

Inde-Népal, à haute tension

Souvenirs de passages de frontières, fictionnelles, réelles ou fantasmées. Il est toujours temps de rêver quand voyager devient compliqué.
(Illustration Christelle Causse)
publié le 21 juillet 2020 à 17h16

Pour aller au Népal en venant d’Inde, le plus simple est de prendre un avion. Le passage au-dessus de l’Himalaya est sublime, sauf lorsque l’engin a des trous d’air et qu’on redoute, soudain, de découvrir si le Yéti existe vraiment. Le plus intéressant reste la route terrestre. De Varanasi, en bus, pour aller à Katmandou, il faut à peu près deux jours, sans compter les accidents, les pannes de moteur, ou les pertes de roues qui surviennent dans ces régions aux routes défoncées. A l’arrivée à Belahiya à la tombée de la nuit, côté indien, la file des camions décorés est fascinante. Les cabines sont maquillées comme si elles se rendaient à un bal, recouvertes de lumières, de banderoles, de peintures, de signes religieux protecteurs. Ce sont des visages de divinités souriantes et farceuses. Je ne serais pas étonné, un jour, que certains se mettent à parler, à mi-chemin entre le chat d’Alice aux pays des merveilles et le Totoro de Miyazaki. Dans ce décor boueux de post-frontière SF à la sauce Bollywood, les hôtels sont au diapason. Une fois à Sunauli, le hall du nôtre prit feu à cause d’une ampoule. La nuit, sur nos paillasses, il fallait se contorsionner pour éviter les grosses gouttes d’eau tombant de la toiture éraillée. Le lendemain, une fois le soleil revenu, la route vers Katmandou était exceptionnelle et valait le coup de jouer avec la mort. Le long de la montagne, la beauté du paysage caresse les sens, autant que les nombreux camions tombés à pic au fond du ravin.

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