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Libération
Les yeux dans les lieux (4/7)

Saint-Raphaël, embouteillages et crustacés

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Transhumance estivale annuelle dans la ville du sud entre plages bondées, bouchons klaxonneurs et architecture douteuse.
(Dessin Kévin Deneufchâtel)
publié le 16 août 2020 à 17h36

Les journalistes de Libération se souviennent d’un lieu vacancier fondateur et revisitent maisons ou vallées, plages ou quartiers où a sédimenté leur nostalgie des étés de toute éternité.

Partir en vacances à Saint-Raphaël, c'est l'assurance de vivre l'extraordinaire. Petit miracle qui se produit et reproduit chaque été depuis une décennie environ. J'y arrive toujours la fleur au fusil. C'est-à-dire, en TER. Oubliant que je passerai mon séjour à supplier ma sœur, mon père ou mon beauf, bref, n'importe quel membre de ma famille, «elle est où ta caisse ?».

La voie ferrée longe la côte, la roche rougeoyante dégringole dans le scintillement marine, surmontée de pins parasols dont la silhouette se détache de l’aplat bleu. En contrebas, entre les cyprès et palmiers gigantesques, on aperçoit les grosses demeures du bord de mer avec leurs persiennes mi-closes. Ce n’est pas là qu’on va. On file s’entasser dans l’appartement de ma sœur, fusion familiale bisannuelle après Noël en Auvergne.

Quand elle affiche complet, on se loue à la dernière minute un studio dans une résidence, forcément sans clim et sans vue sur mer mais avec un garage et bardée de systèmes de sécurité. Le genre d'appartement qui «nous permet de vivre entassés comme des Parisiens le temps des vacances», m'a dit un matin l'homme que j'avais emmené. Parfois, il y a une piscine au pied de l'immeuble, où il est interdit de manger, boire, courir