Menu
Libération
Interview

La surenchère des performances va-t-elle tuer l'esprit du sport?

Article réservé aux abonnés
OUI. ""Un violent catéchisme futuriste"".
publié le 1er juillet 2000 à 2h44

Mondialisation et néolibéralisme détruisent les solidarités existantes, ravagent les sociétés, organisent la compétition entre tous les hommes, réduits à des atomes dans une "guerre de tous contre tous" de plus en plus universelle. Le sport participe à ce devenir-loups des hommes: Coupe du monde, Tour de France, Euro 2000, Jeux olympiques. Le sport opère la naturalisation de la compétition de tous contre tous: faire passer pour naturelle cette lutte permanente, ancrer en chacun le sentiment de la légitimité de la loi du plus fort. Que peuvent être d'autre tous ces événements sportifs sinon des fêtes de l'argent, du commerce devenu Dieu, des trusts télévisuels, de la mondialisation économique, de l'homogénéisation anthropologique (tous les hommes de la planète se ressemblant, partageant le même plaisir de regarder devant la télévision les mêmes matchs de football), de l'hystérisation chauvine des foules, des dramatisations de pacotille? Ce saisissement de la planète par la forme extrême du capitalisme, le néolibéralisme contemporain, voit dans le sport le violent catéchisme qu'il s'agit d'inculquer à tous les peuples.

Sur le fond, le sport spectacularise un élitisme biologique. Sa fonction est de proposer en permanence le spectacle de la production-sélection des élites biologiques. Par ce biais, il se montre radicalement égalitaire: il nie tout héritage culturel, historique, pour organiser la concurrence impitoyable entre les organismes, afin que les inégalités ne soient pas l