Paul Landauer, 35 ans, est architecte et chercheur à l'Ecole d'architecture de Nancy. Il est considéré comme l'un des spécialistes français des questions relatives à l'urbanisme sécuritaire. Il a réalisé pour le compte du ministère de l'Equipement un rapport sur les quartiers d'habitat social : Paysages sous surveillance. Les contraintes de sécurité dans les grands ensembles.
Après la Grande-Bretagne, l'urbanisme sécuritaire gagne-t-il l'Hexagone ?
Nombre d'opérations de «résidentialisation» menées par les organismes de HLM reprennent sans le dire les préceptes anglo-saxons de la «prévention situationnelle». L'idée centrale de ces théories est que l'aménagement urbain, les espaces libres au pied des immeubles peuvent être complices de situations d'insécurité et favoriser les délits. Pour éviter ça, la résidentialisation procède à une redistribution lisible de ces espaces. Elle consiste à redécouper le sol pour isoler une cage d'escalier, un ou plusieurs bâtiments au sein d'enceintes protégées par des grilles et des systèmes sélectifs d'accès.
Quel est l'objectif de ces opérations ?
Le dispositif vise à reconquérir un espace moins étendu mais au profit exclusif des locataires. On parie sur une «solidarisation» des habitants et une appropriation positive des lieux. En privatisant les espaces extérieurs, on veut exclure du champ résidentiel les personnes non désirées. Dans les quartiers d'habitat social, on pense aux rassemblements de jeunes dans les halls ou à des individus se liv