A Mexico, ils cultivent des tomates dans les escaliers, à Brazzaville des épinards entre deux maisons et à Harare des salades dans les terrains vagues. Sur tous les continents, dans les pays en voie de développement, il suffit de marcher dans les villes pour voir, au fond d'une cour, le long d'une route ou au milieu d'un jardin public, des plantations de fruits et de légumes. Ce que les experts appellent l'«agriculture urbaine et périurbaine» (AUP).
D'après la FAO (Food and Agriculture Organization), 800 millions de personnes dans le monde, essentiellement dans les pays en voie de développement, pratiqueraient l'agriculture urbaine. Des chiffres incroyables à première vue. Ils le sont moins quand on sait qu'ils incluent «aussi bien les gens qui font pousser trois plants de haricots que ceux qui vivent de leur production», remarque Paule Moustier, chercheuse au Cirad (Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement).
Exclus. Quand on regarde l'origine de ces agriculteurs urbains, poursuit-elle, on s'aperçoit que «ce sont souvent des exclus de l'économie urbaine: femmes, jeunes déscolarisés ou chômeurs», pour qui cette activité est à la fois une source de revenus et le seul moyen de se procurer des légumes frais qui sinon seraient trop chers. Ou encore les migrants. «A Libreville, ce ne sont pas les Gabonais qui cultivent, mais les Camerounais et les Burkinabé.» Mais les plus démunis ne sont pas les seuls à planter en ville: il y a aussi tous