Bourges envoyée spéciale
La barque plate avance lentement le long du canal, poussée par une perche de roseau. Sur la rive, un homme désherbe une rangée de poireaux. En face, une jeune femme chaussée de tongs et coiffée d'un chapeau conique en paille de riz manie la houe. Dans son jardin, des concombres, des choux, des herbes aromatiques. Et des haricots plantés en espaliers, comme on l'a toujours fait dans sa famille, chez les Hmongs du Laos. Bienvenue dans les marais de l'Yèvre et de la Voiselle, en plein centre de la ville de Bourges. Là, des retraités berrichons, des Parisiens installés en province et des immigrés venus d'Asie et du Portugal cultivent coude à coude 135 hectares de terre fertile entre biefs et canaux.
Carpes et nénuphars. «Il y a 2 000 ans, explique Claude Csorgei, président de l'AUMYVB, une des deux associations du marais, on ne voyait ici que des marécages insalubres. Jules César s'y était enlisé. Au Moyen Age, les moines ont commencé à assainir et, au XVIIe siècle, les maraîchers se sont installés. Ils sont restés jusqu'à la fin de la Deuxième Guerre mondiale.» Entretemps, Bourges s'est développée, englobant les canaux et les 1 000 parcelles de terre cultivée. Où que l'on se trouve dans le marais, on reste à un jet de pierre de la cathédrale dont la flèche pointe entre deux peupliers d'Italie. De la rue Marx-Dormoy, une artère du centre-ville, il suffit de prendre la première rue à gauche. A 100 mètres commence le marais. Les carpes sautent entre les nénu