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Libération
Critique

Arlequin coréen

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publié le 16 juin 2001 à 1h16

Il est toujours ingrat de réunir six films en un package d'une même production nationale. Quelque part, ça sent l'arnaque. On garde pourtant un souvenir ému du premier festival «Inédits coréens», il y a deux ans, grâce au film Le jour où le porc est tombé dans le puits, du sensuel Hong Sang-soo, l'un des meilleurs cinéastes en activité ­ on se demande pourquoi la Vierge mise à nue par ses prétendants, merveille vue à Cannes l'an passé, n'est pas encore sorti en France. En attendant cette éclosion, on reportera notre attention sur six inédits coréens réunis au cinéma l'Arlequin à Paris. Trois sont atroces : Sentiments est un mélo rural qui ressemble à du Patrice Leconte ; la Guerre blanche, opus poussif, lorgne vers la fresque épique à l'américaine mais empeste la sueur de vétérans traumatisés ; les Insurgés de Park Kwang-su s'insurgent en costumes et dans l'ennui général. A peine plus réussi, Happy End est une balade inoffensive mais charmante sur l'infidélité. Reste Joint Security Area de Park Chan-uk, qui balaie les tabous diplomatiques coréens avec une violence inouïe, film en pétard qui pourrait très bien trouver sa cible en vous. Mais les coeurs d'artichaut lui préféreront L'oiseau qui suspend son vol, premier film d'un jeune visiblement doué, doté d'un sang-froid déroutant, Jeon Soo-il. C'est un objet doucement atypique qui s'ouvre sur un commentaire de Mauvais Sang de Carax pour dériver sur fond de mal-être sentimental. Sa modernité est de celle que l'on croise en Asi