Le 25 juin 1991 a commencé la désintégration de la Yougoslavie socialiste avec la proclamation de l'indépendance de deux de ses six républiques, la Slovénie et la Croatie, enclenchant un processus de guerres en chaîne qui fit plus de 200 000 morts. Depuis la mort de Tito le 4 octobre 1980, les élites politiques et les opinions publiques de cette fédération composite de peuples et de minorités ne cachaient plus leur ambition de se soustraire au pouvoir central et de créer des Etats nationaux. A Belgrade, un apparatchik communiste ambitieux, Slobodan Milosevic, levait le drapeau du nationalisme grand-serbe. Récit d'un protagoniste qui fut le dernier président de la présidence collégiale.
Quel bilan dressez-vous, dix ans après, de la proclamation des indépendances slovène et croate, qui ont entraîné l'éclatement de la Yougoslavie?
Cela aurait été bien mieux pour tout le monde si nous avions pu accéder à l'indépendance sans la guerre. Mais la séparation des républiques Bosnie-Herzégo vine, Croatie, Macédoine, Slovénie, Serbie et Monténégro qui constituaient la fédération yougoslave n'a pu s'effectuer autrement, car Slobodan Milosevic n'a pas voulu abandonner son idée de "Grande Serbie". Il en a conçu le plan et la voulait "ethniquement pure". Il a donc lancé sa guerre. Il était convaincu que ce sont les vainqueurs qui écrivent l'Histoire. Fort de cette certitude, il n'a reculé devant aucune brutalité, aucun crime de guerre ni génocide. Quant à la communauté internationale, ell