Vous vous attachez depuis plusieurs années à étudier les rapports que les sociétés entretiennent à l'espace et à la nature. En quoi consistent ces rapports?
Ces rapports sont multiples: ils sont écologiques (l'air que l'on respire) mais aussi techniques (l'exploitation et l'aménagement par l'agriculture), esthétiques (l'espace et la nature sont perçus, représentés), axiologiques (ils inspirent des valeurs), etc. Si je distingue ces rapports, c'est pour le besoin de l'exposé. Dans la réalité, ils forment un tout unitaire. D'où la difficulté de les penser à partir de nos catégories de pensée habituelles dans la mesure où elles tendent trop à opposer le naturel au culturel, le collectif à l'individuel, le subjectif à l'objectif. Or les rapports d'une société à la nature comme à l'espace autrement dit son milieu sont tout à la fois. Le milieu est par essence une relation, qu'il faut penser dans sa dimension propre. Il est à la fois physique et phénoménologique, naturel et culturel: une société aménage son environnement selon la représentation qu'elle s'en fait; et, réciproquement, les aménagements qu'elle en fait influent sur sa perception et sa représentation. Un milieu est par ailleurs collectif et individuel: les schèmes d'appréhension de la réalité sont transmis par le groupe mais ils se manifestent par l'individu...
Le milieu, dites-vous encore, n'est ni objectif ni subjectif mais «trajectif». Que voulez-vous dire?
La représentation que l'on se fait de son milieu ne peut a