Les organismes génétiquement modifiés peuvent-ils changer l'équation de la faim dans le monde, qui frappe plus de 800 millions de personnes? Il n'y a pas d'alternatives, assurent les firmes agrochimiques, qui multiplient, dans les coulisses des organisations internationales d'aide, les plaidoyers pro domo. Voici l'un d'entre eux, développé par l'une des quatre multinationales qui se partagent 100 % du marché OGM. Premier temps de l'argumentaire: «La population mondiale croît chaque année de 90 millions d'habitants et aura doublé d'ici à 2050. Dans le même temps, un quart de la planète est en voie de désertification.» Résultat, sans biotechnologies, «les surfaces cultivées ont été divisées par deux entre 1950 et 1990». Deuxième temps de l'argumentaire: «Grâce aux biotechnologies, on pourra mettre au point des plantes qui nécessiteront moins d'engrais, d'eau et de produits phytosanitaires et pousseront dans des conditions climatiques ou de cultures plus difficiles, en résistant mieux à la chaleur, au gel ou aux sols salins.» Sans nouvelles technologies, en revanche, «il faudrait défricher 2 500 millions d'hectares supplémentaires pour pouvoir, à rendement constant, nourrir les dix milliards d'habitants que devrait compter la planète en 2050».
La preuve par le Sud
En 2000, les pays développés abritent 82 % des 44,2 millions d'hectares cultivés, soit 25 fois plus qu'il y a cinq ans! Mais voilà. La progression ralentit, freinée par le débat sur la sécurité alimentaire sans parler