Samedi
Ranger l'abri
Le samedi offre une occasion merveilleuse pour ranger notre abri. Nous tentons d'évacuer le bric-à-brac accumulé depuis la dernière fois que nous avons redouté une guerre (il y a un an, avec le début de cette Intifada), ma fille dresse la liste des amies qu'elle compte inviter pour son anniversaire. Question d'importance : inviter Tali, qui ne l'a pas invitée à son propre anniversaire ? Nous retournons le problème avec toute la gravité requise, afin de conserver un semblant de routine. En même temps, plane dans l'air la question : que serons-nous le mois prochain ?
Nous savons que nos vies ne seront plus ce qu'elles étaient avant le 11 septembre. L'effondrement des tours jumelles de New York a ouvert une brèche profonde dans l'ancienne réalité. De là montent en silence les bruits de tonnerre de tout ce qui peut exploser : violence, cruauté, fanatisme, folie. La nouvelle donne a comme libéré ce qui travaille la nature humaine : la tentation de détruire, de déchirer tout ce qui est vivant, depuis l'homme jusqu'aux sociétés, la loi, l'Etat et la culture. Si émouvant, sinon héroïque, me semble l'effort de maintenir la routine, de veiller sur sa famille, son foyer, ses amis (nous décidons d'inviter Tali).
Dimanche
Ecrire une femme
Par chance, la proposition de rédiger ce journal m'est parvenue alors que j'étais en train d'écrire un nouveau récit. Sans quoi, mon journal aurait été encore plus désespérant. De nombreux mois se sont écoulés depuis mon dernier livre, et