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Ça sent le chou.

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Et si, pour lutter contre les odeurs industrielles gênantes on apprenait à renifler ? Les initiatives se multiplient entre entreprises et riverains.
publié le 24 novembre 2001 à 1h43

Ces douze-là ne diront plus «ça sent le chou ici», mais «oh ! voici un peu d'isobutyrate d'éthyle, auquel s'ajoute une note d'acétylpurazine». En clair, un mélange de melon et de saucisson sec. Pour parler des odeurs comme on parle des couleurs, il faut un nez, certes, mais aussi un vocabulaire. Et ce soir, comme deux fois par semaine, douze futurs «nez» apprennent à renifler. Riverains d'une zone industrielle qui regroupe Shell, Butagaz et Chapelle Darblay, à Petit-Couronne, dans la banlieue de Rouen, gênés par les effluves industrielles, ils se sont portés volontaires pour suivre une formation pour ensuite se mettre en «veille olfactive» de chez eux. Chaque jour aux mêmes heures, ils rempliront des fiches, décrivant ce qu'ils sentent. Les entreprises concernées, volontaires également, qui fournissent leurs données, s'engagent à réduire leurs émissions d'odeurs. Ce genre d'initiative en est encore au stade expérimental en France, mais les mauvaises odeurs commencent à être perçues comme des nuisances à part entière.

Phénol. A 18 h 30, ils arrivent, aide-soignante, employés de mairie, étudiants, et s'installent autour d'une table ronde pour deux heures. Maryline Jaubert, gérante d'IAP Sentic, société spécialisée dans l'expertise olfactive, enseigne la méthode mise au point par son mari, qui a créé un alphabet des odeurs (lire page suivante). Elle commence par une petite révision des cours précédents: elle parfume des mouillettes en plastique avec une molécule déjà apprise et