Menu
Libération
Interview

«Une question de culture et d'éducation»

Article réservé aux abonnés
Pour Patrick Mac Leod, neurobiologiste, l'évaluation des nuisances liées aux odeurs relève aussi de l'imaginaire.
publié le 24 novembre 2001 à 1h43

Patrick Mac Leod, professeur à l'Ecole pratique des hautes études, directeur du laboratoire de neurobiologie sensorielle de Massy qu'il a créé en 1975, travaille dans les domaines de l'olfaction et du goût.

L'homme est-il programmé pour estimer qu'une odeur est bonne ou mauvaise ?

Clairement non. Nous sommes programmés pour reconnaître et identifier les odeurs, non pour les trouver bonnes ou mauvaises. Ce jugement est acquis, nous l'apprenons dans les échanges avec le groupe, les parents, etc. Des expériences menées par des chercheurs de Nanterre avec des nouveau-nés l'ont montré : ils n'ont pas de réaction aversive ni attractive aux odeurs, ils l'apprennent plus tard. En revanche, il existe des signaux aéroportés qui stimulent non pas l'olfaction mais la sensibilité chimique générale de nos muqueuses. Par exemple la fumée, l'ammoniaque (qui n'a pas d'odeur au sens olfactif du terme), ou encore les gaz lacrymogènes. Nous avons une réaction aversive innée devant ces substances qui sont alors dites nociceptives de notre sensibilité chimique. Car ces éléments stimulent des neurones reliés à plusieurs sens.ÊNous sentons le poivre ou le piment avec le nerf trijumeau (nerf crânien qui se divise en trois branches) : c'est également programmé. Mais les odeurs de putréfaction aux environs des usines d'équarrissage par exemple sont difficilement supportables pour qui n'est pas habitué. C'est une question de culture et d'éducation. Tout est acquis, le beurre rance ne sent pas mauvais dan