De l'apiculture appliquée à la guerre. L'essaimage («swarming»), le nouveau concept américain de la bataille, emprunte au monde des abeilles. Développé par le chercheur Sean J.A. Edwards (1), il peut se résumer en trois mots: «convergence, attaque, dispersion». C'est la fin des gros bataillons, des divisions cuirassées, des chocs frontaux. Apparaissent des armées aussi insaisissables qu'un essaim, surgissant de partout à la fois et frappant très fort.
Vitesse. Ce concept n'a pourtant rien de nouveau. Pour paraphraser Alexandre Vialatte, cette guerre de l'avenir «remonte à la plus haute Antiquité». Selon Sean J.A. Edwards, le modèle du «swarmer» est l'archer à cheval des grandes steppes de l'Asie centrale. Scythes, Parthes, Huns, Avars, Bulgares, Magyars, Turcs, Mongols et Cosaques furent des «swarmers». «L'avantage en puissance de feu et en mobilité du combattant de la steppe ne fut pas surpassé avant l'apparition des armes à feu», assure l'auteur. Au XIIIe siècle, le triomphe des armées mongoles de Gengis Khan s'explique par cette supériorité militaire. Plusieurs de leurs caractéristiques se retrouvent aujourd'hui dans les armées modernes: la vitesse, l'importance du renseignement et la puissance de feu. Entièrement montées, ces armées se déplaçaient beaucoup plus vite que les fantassins, comme Alexandre le Grand le constata face aux Scythes dans l'actuel Ouzbékistan. L'ennemi arrivait des profondeurs de la steppe, encerclait les troupes, les criblait de flèches en restant h