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Libération

Droits de l'homme à roulettes

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publié le 9 février 2002 à 22h10

Le moins qu'on puisse dire, c'est que cette image publiée, entre autres, dans Libération du 4 février a fait quelque barouf. Sur la civière à roulettes, un des 158 combattants protalibans détenus sur la base américaine de Guantanamo (Cuba). Dans son entourage, quelques soldats américains chargés de sa surveillance. Et tout autour, une broussaille censément caraïbe où il faut de bons yeux pour distinguer les ronces des barbelés. C'est une image tellement hurlante de réactions épidermiques (entre «scandale !» et «bien fait !») qu'elle nécessite l'application calmante d'un maximum de légendes. Pourquoi cet homme est transporté sur un brancard ? Parce qu'il est blessé. Quand a-t-il été blessé ? Avant son arrivée sur la base américaine. Où les soldats l'amènent-ils ? Vers un interrogatoire. Pourquoi sur un brancard à roulettes ? Parce que c'est plus rapide. En précisant de toute urgence que ces «informations» ne sont pas du journalisme mais la transcription des explications fournies par le service de presse de l'armée américaine. Donc, sujettes pour le moins à discussion. De fait, pour répondre aux questions des associations de défense des droits de l'homme, y compris aux Etats-Unis, la Maison Blanche a assuré que le traitement réservé aux membres présumés d'Al-Qaeda était «humain». La définition de l'humain par des militaires, qu'ils soient américains ou autres, doit a priori dresser un barrage de méfiance. On sait qu'en d'autres temps, pour d'autres guerres, des soldats purent