Menu
Libération
Critique

Pour mieux connaître Raoul.

Article réservé aux abonnés
publié le 9 février 2002 à 22h09

Qu'on ne se méprenne pas, il n'y a rien à ajouter sur ce film ultraculte, on ne peut que le feuilleter une fois de plus, comme un album de famille un dimanche de pluie. C'est exactement ce que fait Canal + en invitant Georges Lautner et l'un des comédiens du film, l'Italien Venantino Venantini, pour quelques évocations sentimentales, tandis que le film passe en insert dans un coin du poste, sans le son ou presque. Comme film muet, les Tontons flingueurs ne vaut pas un clou, le dispositif est donc assez agaçant puisqu'on se trouve privé de la substantifique moelle que sont les dialogues de Michel Audiard. Mais comme on est censés tous les connaître sur le bout des doigts (à moins d'avoir passé son enfance au fin fond des colonies), personne n'est autorisé à protester.

Restent les images et les commentaires du cinéaste à quarante ans de distance, autant dire une opération de réhabilitation de Lautner sur un film qui a fait sa vie sans lui. Dévorés de curiosité, on apprend que l'ombre d'Orson Welles plana sur la mise en scène, ce qui explique ces profondeurs de champ systématiques, ces plongées et contre-plongées pour cinémathèque, l'utilisation amoureuse de plafonds que n'eurent pas reniée les Amberson, un soin maniaque pour la lumière, etc. Fierté de Lautner d'avoir toujours rempli ses plans jusqu'au trognon avec sa galerie de grandes gueules efficaces, disposées en brochette du premier à l'arrière-plan, quoi qu'il arrive. Avec Maurice Fellous à la photo, ils bricolèrent même