Ceux qui conseillaient à Jacques Chirac de déclarer sa candidature sont bien avancés, aujourd'hui. Qu'est-ce que ça a changé ? Voulait-on nous faire croire que sa fonction le contraignait à un devoir de réserve et que, après avoir été condamné à cinq ans de rétention, le président de la République allait enfin pouvoir dire ce qu'il pense ? On ne comprend pas pourquoi Jacques Chirac reprend les idées de tous ceux qui l'ont trahi, le trahissent ou le trahiront et qui ont déjà perdu toutes les élections possibles, alors que lui, même s'il est de bon ton de le moquer jusque dans son camp, a pourtant la capacité, précieuse en démocratie, d'en gagner (après tout, tout le monde a envie d'être président de la République mais c'est juste lui qui l'est). Il devrait profiter de ce qu'il n'a que de faux amis pour ne pas suivre leurs conseils. Parti pour Avignon dans l'avion présidentiel, Jacques Chirac est rentré en TGV. Quelle étrange pudeur pour ses voyages, soudain. Voici quelque chose qui a vraiment changé. A ce rythme d'économie (après les week-ends familiaux en Concorde), il finira la campagne en trottinette.
Il ne faudrait pas que la «passion» de J. C. tourne au chemin de croix, ni pour lui ni pour nous. On a ricané quand il a ainsi justifié sa candidature mais qu'aurait-il pu dire d'autre ? Il n'allait pas répondre, comme Samuel Beckett à la question «Pourquoi écrivez-vous ?»: «Bon qu'à ça.» Il ne pouvait pas dire non plus: «Je me présente par habitude, parce que ça fait plus de