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Libération
Interview

«Il faut déverrouiller le monde agricole»

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publié le 16 février 2002 à 22h18

Bertrand Hervieu, 54 ans, préside l'Institut national de la recherche agronomique (Inra). Docteur en sociologie, il est l'auteur de onze ouvrages dont Au bonheur des campagnes, avec Jean Viard (Ed. de l'Aube, 1996), Du droit des peuples à se nourrir eux-mêmes, (Flammarion 1996), les Agriculteurs, (PUF, 1996), les Champs du futur (Julliard, 1994) et l'Archipel paysan, avec Jean Viard (Ed. de l'Aube, 2001)

La production de matières non alimentaires représente-t-elle un enjeu important pour l'agriculture?

Cela me paraît évident. Cette affaire est très importante. Tout au long de son histoire, le monde agricole a été multifonctionnel. Après la Seconde Guerre mondiale, il s'est mis à produire de l'alimentaire au moindre coût. Le choc en retour a été une intensification de pratiques agricoles dévastatrice pour l'environnement, et une diminution du nombre de paysans. Aujourd'hui, la société a une attente très forte à l'égard de son agriculture, de son alimentation, et de son environnement. Mais elle a aussi une demande contradictoire. Elle veut toujours de la quantité, mais aussi la qualité sanitaire, la diversité des goûts et des produits...

Le monde agricole se sent mal aimé, rejeté. Mais si vous lui dites: certes, votre fonction première demeure la production de matières premières alimentaires, mais vous pouvez produire aussi des matières premières non alimentaires, vous faites sauter un verrou culturel, vous déverrouillez le monde agricole, vous lui permettez de sortir de sa fixat