Bourgogne et Pomacle envoyée spéciale
Gilles Grosjean est épaté. Il ne savait pas que le colza qu'il cultivait entrait dans la fabrication d'un autobronzant. «Pour moi, le colza, c'était le Diester [un biocarburant, ndlr].». Pourtant, quatre kilomètres seulement séparent son exploitation, située sur la commune de Bourgogne (Marne), de Pomacle, où s'est implantée la société ARD (Agro-industrie Recherches et Développements), qui fabrique le fameux autobronzant. «Remarquez, ça me surprend sans me surprendre», reprend l'agriculteur. «ARD est là pour chercher. Pour nous les agriculteurs, c'est important. Après guerre, on nous a poussés à faire des quintaux. Maintenant, on nous dit qu'on produit trop. Si ARD est capable de sortir des produits, je trouve ça bien.» Lorsque la coopérative agricole, Champagne Céréales, a créé la société ARD, en 1989, c'était effectivement pour trouver des débouchés autres qu'alimentaires aux grandes cultures du cru. «Je suis biochimiste, j'ai cherché tout ce qu'il y avait dans les plantes qui poussent ici», se souvient Régis de Baynast, directeur général d'ARD: blé, betterave, orge de printemps, luzerne. Justement ce que cultive Gilles Grosjean. A l'époque, Champagne Céréales pressent qu'un jour ou l'autre l'Union européenne va imposer une réduction des excédents de céréales et d'oléoprotéagineux, des cultures qui peinent à trouver des débouchés.
Jachère. En 1992, c'est chose faite: la Politique agricole commune (PAC) est réformée en profondeur. La réfo