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Libération

La vérité a des frontières.

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publié le 23 mars 2002 à 22h41

Comme de coutume, les riches n'ont pas le symbolique léger quand il s'agit de cacher les pauvres. Cette semaine, le pompon de la tartufferie («cachez ce sein...») a été pulvérisé par les autorités mexicaines de la ville de Monterrey qui, fort fières d'accueillir la Conférence de l'ONU sur le financement du développement, ont estimé «mauvais pour l'image» qu'un bidonville puisse offenser la vue des quarante chefs d'Etat étrangers (dont notre Chirac) qui ont fait le déplacement. Solution tragi-comique : un mur long de deux cents mètres et haut de deux mètres. L'histoire des murs étant à jamais marquée par celui de Berlin, ce mur de la misère est tout autant celui de la honte.

Mais ce qui est encore plus mauvais pour l'image, c'est ce que ce mur fait de l'image qui, comme sur celle parue dans Libération le 18 mars, se cadre toute seule, sa ligne verticale étant une ligne de partage : à droite, toute la misère du monde (30 % de la population de Monterrey vit dans des zones de pauvreté), à gauche, le «miracle» économique mexicain (à deux heures d'autoroute du Texas). Quel que soit le coût misérable de cette construction en parpaings, on peut se demander à combien d'habitants de Monterrey il aurait permis de survivre et combien de développements auraient été financés par les 60 millions de pesos (7,5 millions d'euros) dépensés par le Mexique pour l'organisation de la Conférence sur le développement. Ce mur se voulant une frontière, on peut aussi se poser la question du dehors et du