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Libération
Interview

«Plus fins que de la propagande»

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publié le 23 mars 2002 à 22h41

Auteur du documentaire Un cinéma sous influence, Richard Prost découvre dès 1985, alors qu'il tourne Un autre futur : l'Espagne rouge et noir, les fictions produites par la CNT.

Pourquoi les fictions de la CNT s'éloignent-elles de films purement propagandistes ?

La CNT décide rapidement de produire des divertissements pour les miliciens revenus du front et la population citadine. Les éléments permissifs ou politiques sont distillés dans les situations et les dialogues plus finement que dans un film de propagande sec. Des thèmes alors tabous sont abordés, qui ne le seront plus sous le franquisme jusqu'en 1976. Même si ces films ont des défauts dans leur narration et leur structure, ils comportent de magnifiques séquences qui prouvent que le cinéma espagnol était au niveau de films français de l'époque. Je pense à Julien Duvivier ou à René Clair, face à des films comme Nuestro Culpable, et le héros de Barrios Bajos a des airs de Raimu. Dans les revues de cinéma de l'époque, on retrouve des articles de René Clair, d'autres sur Fred Astaire... Les réalisateurs espagnols étaient alors très influencés par les cinémas français et américain. Aurora de Esperanza est un film plus attendu, inspiré, dans ses plans et contre-plongées, du modèle soviétique. On le considère néanmoins comme un précurseur du néoréalisme. Contrairement à la plupart des fictions de l'époque, il est en partie tourné en extérieurs.

La production cinéma rend compte des rapports de force entre les acteurs du conflit