Tokyo de notre correspondant
Au Japon, l'explosion des mobiles de la
troisième génération bouleverse les rapports sociaux chez
les adolescents.
Les doigts fins dansent sur le clavier et les idéogrammes défilent sur l'écran. Kumi Takahashi, 16 ans, vient d'achever sa journée de cours dans son lycée d'Ikebukuro, quartier populaire du nord de Tokyo. Comme ses amies, la jeune fille a aussitôt extrait de son blazer bleu son keitai son téléphone cellulaire pour répondre à la dizaine d'e-mails qu'elle a reçu depuis le déjeuner. L'appareil rose bonbon, affublé de colifichets, d'un étui «Hello Kitty !» et d'une antenne fluorescente, contraste avec l'uniforme scolaire de la lycéenne : «Maintenant que les profs nous demandent d'éteindre nos mobiles en classe, les messages s'accumulent», sourit l'adolescente. A ses côtés, ses copines surfent sur l'I-mode, le protocole d'accès à l'Internet du géant des télécommunications NTT DoCoMo, qui compte plus de trente millions d'abonnés dans l'Archipel, près d'un possesseur de mobile sur deux : «Nous y passons beaucoup de temps», reconnaît Kumi, tandis que ses voisines s'affairent à tester leur «Pocket Pet», une console raccordable au mobile, qui leur permet de recevoir photos et jeux via l'Internet. «Pour nous, le portable n'est pas une machine. Il est plutôt devenu notre meilleur ami...»
Virtuose. Au Japon, ces accros ont un surnom : oyayubi hime, les «princesses du pouce». «A cause de notre dextérité. J'ai tellement l'habitude de taper sur l'écr