Si l'on en croit des sondages concordants, les Français jugent la campagne présidentielle terne et confuse. Ils n'y discerneraient pas assez d'élans ou de visions mais y découvriraient trop de bisbilles et de cohue. Sur le premier point, leur frustration est compréhensible, encore que classique. Les débats n'apparaissent certes pas surplombés par des prophéties fulgurantes, des intuitions irrésistibles ou des projets futuristes. Nous ne sommes plus en 1974 ou en 1981, lorsque s'affrontaient passionnément deux idéologies incompatibles, deux modèles de société antagonistes. Faut-il regretter ces cathédrales imaginaires sèchement démenties par les faits ? Les programmes des principaux candidats sont aujourd'hui beaucoup moins romanesques qu'il y a un quart de siècle mais ils sont plus réalistes ou plus modestes. Au demeurant, ils se comparent fort bien à ceux qui furent produits en 1988 et 1995. Cinq ans de cohabitation n'incitent sans doute pas aux illuminations soudaines. Après la politique psychédélique, la compétition actuelle semble prosaïque. Pourrait-elle être plus ambitieuse, plus audacieuse ? Assurément, mais une législature de partage du pouvoir entre les deux candidats les plus puissants n'y prédispose pas : si les Français veulent des batailles politiques plus théâtrales, il ne faut pas qu'ils entravent préalablement les belligérants. L'autre critique déplore l'éparpillement et les querelles de clocher d'où naît une mêlée opaque. Pour le coup, il s'agit d'une origin
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