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Libération

La belle affaire

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publié le 30 mars 2002 à 22h45

Le proviseur du lycée Henri-IV à Paris est parfait dans son genre. Responsable de la discipline des études (dixit le dico), il a estimé (lire Libération du 27 mars) que l'apparition à la une de Ravaillac, un journal de son lycée, de cinq élèves (deux filles et trois garçons) totalement à poil de face nécessitait l'interdiction de diffusion du dit journal. Dieu (?) sait pourtant que cette exhibition est prude puisque les jeunes nudistes ont recouvert leur sexe d'un ruban de scotch opaque quoique amovible. Mais on remarque aussi qu'ils dissimulent leur visage avec leurs mains. Ce qui déjà est un gouffre théorique : Ces lycéens-lycéennes d'Henri-IV veulent-ils signifier que la face est aussi sexuelle que la fesse ? La lecture de Ravaillac confirme cette tendance cogitante : tout ce qui les travaille, contraception, sida, avortement, homosexualité, porno, les a fait bosser pour une série de contributions sous pseudo (Betty Boop, Fouf' Power, Ze Supervizor) qui oscillent entre «on a fumé la moquette tard dans la nuit», «on se retrouve à la bibliothèque Sainte-Ginette pour en débattre» et «parle à ma tête, mon cul est malade». Bref, un fanzine sur la brèche, joyeux et fatalement potache (la chronique «Militantes» est un régal). Où courent, quartier Latin oblige, deux ou trois allusions aux années 68 : «Jouissez sans entraves» rappelle une brève page 3. C'est ça qui est fou dans cette histoire plus comique que tragique. Un effet machine à remonter à un temps que ces moins de 20 ans