Le professeur Henri Pujol, cancérologue, est président de la Ligue nationale contre le cancer, explique comment la révolution thérapeutique qui arrive devra changer le regard de la société, et l'approche de cette maladie.
Les nouveaux anticancéreux, tel le Glivec, vont-ils bouleverser la prise en charge des cancers ?
L'époque que nous vivons est très emblématique. Jusqu'ici, nous avions surtout des découvertes fondamentales ou des succès thérapeutiques chez les souris. Annoncés de façon claironnante, d'où souvent de faux espoirs.. Là, nous avons de réels résultats chez des malades, avec des molécules qui vont transformer la chimiothérapie. A tel point que les cancérologues hésitent à les nommer chimiothérapies comme les anciennes! Certes, ces vingt dernières années, il y a eu des progrès en cancérologie, qui se sont manifestés par davantage de guérisons et de survies prolongées, dans les cancers du sein et de l'ovaire, par exemple. Mais le phénomène va être encore plus contrasté avec ces nouvelles molécules ciblées, capables de stabiliser les tumeurs, voire de les faire péricliter, tout en étant très peu toxiques.
Quelles seront concrètement les conséquences de cette révolution ?
Elles seront d'abord sociales. Il faut savoir qu'aujourd'hui, au moins 800 000 personnes, mais peut-être plus d'un million, sont traitées ou suivies pour un cancer. Un chiffre qui va continuer à croître tant qu'on augmentera la survie des tumeurs sans diminuer leur incidence (nombre de nouveaux cas par