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Libération

Complots contre l'humanité

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publié le 6 avril 2002 à 22h57

On a été frustré par le suicide de Richard Durn. Sa mort n'a donc pas éteint l'action publique, à la satisfaction de la «maire courage» communiste de Nanterre et du président chiraquien de la France. C'est comme si on était roulé par cette défenestration, c'est trop facile s'il suffit de se tuer pour échapper à un procès, on nous spolie (mais Richard Durn vivant aurait peut-être été jugé irresponsable, libre de procès). A celui du serial killer Patrice Alègre, il y a quelques semaines, on s'indignait déjà que l'accusé ne parle pas, on avait même lu au tribunal une lettre de sa fille d'une dizaine d'années demandant à son papa de sortir de son mutisme. Les procès paraissent ne plus ressortir de règles juridiques mais d'une sorte de tribut à offrir aux victimes collatérales, c'est-à-dire les proches des assassinés, ça doit servir à leur rendre le deuil plus léger. Naguère, quand les femmes violées devaient raconter la scène, quand les pires crimes étaient énoncés, on trouvait ça insupportable. Maintenant, c'est le non-récit qui est insoutenable. On n'attendait pas de Richard Durn des aveux ou un repentir mais l'indicible, que le meurtrier exprime la vérité de son acte qu'il serait le seul à détenir et qui aurait mystérieusement un effet bienfaisant pour les autres (cependant, quand Ben Laden a assuré dans une vidéo qu'il était très content du succès du 11 septembre, on doute que ça ait mis du baume au coeur des proches des victimes). Le criminel n'est pas à la hauteur de son c