Un soldat en permission rencontre une secrétaire dans la foule new-yorkaise. Ils ont deux jours pour apprendre à se connaître, et peut-être s'aimer. C'est la trame, fragile et délicate, de ce long-métrage méconnu de Vincente Minnelli, tourné dans la foulée du flamboyant Ziegfield Follies. Les déambulations romantiques d'Alice (Judy Garland, amoureusement cadrée) et Joe (Robert Walker, touchant) sont, à leur tour, ponctuées de rencontres tout aussi hasardeuses avec le «petit peuple» de New York, intermèdes d'un humour subtil dans un film qui oscille constamment entre légèreté et gravité.
Le résultat est d'autant plus admirable que Minnelli, fut appelé en catastrophe pour remplacer Fred Zinnemann, viré du tournage sous la pression de Judy Garland. Car The Clock se révèle un film profondément minnellien dans sa fusion de l'imaginaire et de la réalité. Quand Joe découvre New York, les inserts de gratte-ciel filmés en contre-plongées baroques donnent à la ville un aspect fantastique, inquiétant. Et, par un splendide paradoxe, les stations de métro ou les rues du West End, reconstituées en studio, semblent plus réalistes que les images réelles de la ville projetées en transparence derrière les acteurs. Dans la plus belle séquence de The Clock, Minnelli montre ainsi la permanence du réel dans le rêve, puis, l'instant d'après, la transfiguration de ce même réel par la magie cinématographique.
Au soir de leur rencontre, Alice et Joe se retrouvent dans un Central Park de pur fantasme: c