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Libération

L'art du contre-pied

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publié le 6 avril 2002 à 22h57

La plupart des sondages accordent actuellement un léger avantage à Lionel Jospin en ce qui concerne le second tour de l'élection présidentielle. Quant au premier tour, la droite en ressort en petite forme, plus faible qu'à l'ordinaire. Il est possible que les enquêtes d'opinion sous-estiment le poids ou la mobilisation de l'électorat de Jacques Chirac et de l'opposition parlementaire : c'est ce qui s'était produit lors des élections municipales de l'an dernier. Mais, si les chiffres actuels sont exacts, ils signifient que la France se singularise une fois de plus en Europe. Alors que l'Union des Quinze glisse progressivement à droite et se rallie au panache doré du libéralisme à l'anglo-saxonne, la Gaule demeurerait arithmétiquement à gauche, tout en évoluant idéologiquement vers ce que Michel Albert appelait le «capitalisme rhénan», c'est-à-dire l'économie sociale de marché.

Ce double découplage donnerait un épilogue original à une campagne présentée comme banale. Ce ne serait pas la première fois, tant s'en faut, que la France se situerait électoralement et idéologiquement à contre-courant du reste de l'Europe. Lorsque l'Europe virait à gauche, la France faisait entrer Valéry Giscard d'Estaing au palais de l'Elysée. Quand l'Union a basculé à droite, François Mitterrand a été porté à la présidence de la République. Au plus fort de la vague thatchéro-reaganienne, le patriarche de Latche s'est fait aisément réélire. Si l'Europe s'est tournée vers Tony Blair, Gerhard Schröder e