ça fait huit ans que Mathilde enseigne le chant. Chaque année, à la rentrée elle passe une petite annonce et récolte une dizaine de réponses. Les candidats ont rarement moins de 30 ans, ils ont un métier, une vie, ils se cherchent un petit à côté, histoire de ne pas renoncer à une vieille passion. Cette année, changement de décor. Mathilde, comme à son habitude, met son annonce dans A nous Paris, le journal gratuit distribué dans le métro. Au même moment, Star Academy fait ses débuts sur les écrans de TF1. «J'ai eu plus de trente réponses, ils avaient en majorité entre 17 et 25 ans.»
Un jeune homme se présente, avec pour seules références ce qui se passe à la télé. «Je veux apprendre à chanter. A Star Academy, ils apprennent en trois mois.» «Moi je ne peux pas t'offrir ça. Il faut dix ans pour devenir un chanteur classique, cinq ans pour de la variété», répond la professeure de 35 ans. Cette réponse-là, vieil adage de la chanson, en refroidit plus d'un.
Un père est venu trouver Mathilde avec sa fille de 17 ans. Il avait l'air embarrassé : «Elle veut être chanteuse, mais elle fait des études d'archi. Est-ce qu'elle a des capacités ou est-ce qu'elle se fait des films ?» Le père optait manifestement pour la seconde solution, mais la gamine a révélé un brin de voix. Elle n'est ni la Callas ni une casserole. «Je l'ai gardée. C'est difficile de couper les ailes à quelqu'un. Si sa passion pour le chant est plus forte que son envie d'être connue, elle s'y retrouvera.» Sur les trente c