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Libération
Enquête

Chairs à casting

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Facile d'être «star», dit la télé à longueur de journée. Ils sont des milliers, de plus en plus jeunes, à se bousculer aux castings. La voie royale, croient-ils..
publié le 13 avril 2002 à 23h01
(mis à jour le 13 avril 2002 à 23h01)

Je caste, tu castes, il caste, nous castons... Mots de jeunes, mots de télé, qui n'ont pas encore droit de cité dans le dictionnaire. Mots de passe vers la caste des beaux, riches et célèbres. Le casting est plus qu'une tendance, il se fait passer pour une filière. 200 000 personnes étaient inscrites pour tenter leur chance au Loft numéro 2. Impressionnantes files d'attente dans les grandes villes de France, où l'on rit, l'on espère et l'on soupire, «c'est pire que l'ANPE un lundi». La télévision se targue de «démocratiser» la notoriété. Fut un temps, la politique promettait le bac à quasiment toute une classe d'âge. Le résultat est à peu près le même. Primo : le niveau baisse, les radio-crochets d'antan cherchaient des voix, le cinéma, des acteurs, la télé demande gros seins et si possible orgasme devant les caméras. Deuzio, avec le casting, t'as pas grand-chose, si ce n'est un jour de gloire qui ne se conjugue pas au futur.

Elle est castée. Elle est trop jeune pour le Loft, Fanny. Mais probable qu'un jour elle y viendra. Elle a décoloré ses cheveux, chargé ses paupières d'une ombre lourde. Ce qu'elle veut faire dans la vie ? «star». Il n'y a rien à ajouter à ce mot-là, ni «de cinéma» ni «de rock'n'roll», peu importe la voie, elle veut être célèbre. Voilà de la chair à casting. Elle a 17 ans, elle est fille de médecins, son père divorcé de sa mère lui paie une école de cinéma à plus de 3 000 euros l'année, où elle ne va pas, la terminale par enseignement à distance et le Gym