Depuis plusieurs mois, dans les journaux télévisés, les sujets consacrés à l'insécurité font florès. Au point qu'on ne serait pas étonné de voir resurgir Roger Gicquel des limbes audiovisuels pour nous rejouer son célèbre «la France a peur». Simple impression de téléspectateur ? Pas du tout. L'unité de bruit médiatique, outil qui mesure la résonance d'un thème dans les médias, montre que le thème de l'insécurité a occulté celui de l'euro. Denis Muzet, directeur de l'Observatoire du débat public, s'est penché sur la question dans une étude confidentielle intitulée : Insécurité : l'image et le réel. Ce travail se base sur une médiascopie, c'est-à-dire le visionnage de journaux télévisés par un échantillon de personnes auxquelles on demande de réagir à ce qu'elles voient, et sur une série d'entretiens individuels.
Les sujets consacrés à l'insécurité ont-ils augmenté ces derniers mois dans les journaux télévisés ?
L'insécurité n'est pas un phénomène nouveau, mais la couverture médiatique des faits de délinquance et de violence s'est accrue. Il y a eu un premier virage lié aux événements du 11 septembre. Le deuxième virage s'est opéré au cours des derniers mois, quand on a vu des policiers tués en France. Je pense qu'il faut mettre en relation les images des pleurs des familles de pompiers new-yorkais ensevelis sous les tours avec celles des pleurs en France des familles de policiers tués. Ce sont des faits de nature différente qui, par un phénomène d'écho dans la caisse de résonan