Que veut dire l'idée de justice internationale si de grands Etats sont hostiles à la Cour pénale internationale (CPI) ?
Des Etats (Etats-Unis, Chine, Russie, Inde) représentant environ la moitié de la planète n'ont pas ratifié les statuts de la CPI, et parfois la combattent. La crédibilité de la justice internationale dépendra de sa capacité à ne pas apparaître comme une justice faite par et pour les puissants contre les dirigeants d'Etats faibles ou mis au ban des nations. Aux yeux des pays du Sud, la légitimité de la justice internationale sera hypothéquée si elle est l'incarnation du principe «deux poids, deux mesures». Les Etats-Unis ont été décisifs dans la création du TPI (Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie, ndlr) et la livraison de Milosevic ; ils sont aussi décisifs dans ce brouillage de l'image de la justice internationale. C'est l'arrimage définitif des Etats-Unis au processus de justice internationale qui en assurera l'effectivité et la crédibilité.
La justice internationale n'est-elle pas d'abord politique ?
Le premier risque est que le juge international ne s'érige en juge de l'Histoire et soit, malgré lui, à l'origine d'une «pensée uni- -que» sur des faits complexes. Là-dessus, aucun grief ne peut être fait aux juges de La Haye, même s'ils doivent surmonter une contradiction : ne pas se substituer aux historiens et, en même temps, accepter de faire entrer l'Histoire dans le procès, car la compréhension des crimes reprochés à Milosevic exige que soi