Les Japonais ouvrent et ferment facilement la «parenthèse» du sexe. Love hotels, littérature érotique, prolifération des cabarets coquins et des clubs de rencontre... tout concourt dans l'archipel à banaliser les relations amoureuses vécues sans tabou. «La société japonaise, très codifiée, accorde une importance déterminante au "Wa", l'harmonie sociale. L'essentiel, pour celui qui couche, est donc de le faire sans ostentation, dans les lieux réservés pour cela. Sans affecter l'équilibre de sa famille ou sa situation professionnelle», explique Donald Richie, un journaliste américain installé à Tokyo depuis 1947 et auteur de plusieurs ouvrages sur le sexe au Japon. Les femmes nipponnes, réputées être de dociles épouses et des mères poules tyranniques, n'échappent pas à cette répartition des rôles : «Il ne faut pas oublier d'où revient le Japon», confirme une traductrice de Kadokawa Shoten, l'un des principaux éditeurs de Tokyo qui s'apprête à publier Plateforme de Michel Houellebecq. «Au sortir de la guerre, le pays était rempli de "pan-pan girls" [le surnom des prostituées]. La différenciation entre le sexe et l'amour, entre l'acte et les sentiments, est quelque chose de très bien vécu chez nous.»
La littérature nipponne, marquée par l'érotisme, a toutefois toujours accordé une importance bien plus grande aux désirs et aux libertés des hommes qu'à ceux des femmes. Les romans mettant en scène des courtisanes sont légion, ceux racontant les expériences sexuelles de jeunes femmes