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Libération

Ketchup de lèse-majesté

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publié le 20 avril 2002 à 23h06

Au terme de la palpitante campagne pour l'élection présidentielle, on se souviendra surtout des quelques arrosages qui l'ont ponctuée : crachats sur Chirac en banlieue difficile, écrabouillements de tartes à la crème sur les faces de messieurs Bayrou, à Rennes, et Chevènement, au Salon du livre, coups de pompes dans le vélo de Mamère et, in extremis, mercredi dernier à Rennes, giclées de ketchup sur Jospin. Les experts en déduiront le symptôme d'une dégradation de l'image du politique. Les intouchables ne le sont plus, pour peu qu'on puisse les atteindre. Mais les mêmes experts de l'image ont-ils songé que ces atteintes, aussi dégradantes soient-elles, sont peut-être tout aussi efficaces au hit-parade de ladite image. Plutôt que le festival permanent du big bisou, rien de tel qu'une bonne paire de torgnoles pour réveiller une caméra de télé qui roupille. Le «réflexe» de Bayrou claquant un gamin qui lui faisait les poches fut pour sa paroisse aussi rentable que des heures de meeting somnifère. A ce titre, les candidats qui n'ont pas du tout été aspergés pourraient en concevoir de la mélancolie, comme si le fait qu'ils ne soient pas lésés, indiquait cruellement qu'ils ne sont pas assez des majestés. A chaque fois qu'un Prince fut maculé, le spectacle des courtisans se précipitant pour éponger la tache est en effet édifiant. Pour l'exemple, la photo (parue dans Libération du 18/04) de cette main anonyme qui mercredi, à Rennes, tamponnait la nuque de Jospin sans doute avec une e