Samedi
La tache des candidats
Sur les affiches placardées à l'extérieur de l'école de la rue Littré, les seize candidats ont tous la même expression, celle de quelqu'un qui s'efforce désespérément d'avoir l'air d'un futur président de la République. Mais les badauds ont apporté leur propre contribution. Jacques Chirac est affublé d'une fine moustache noire. Elle ressemble à celle dont parent leurs personnages les dessinateurs étrangers quand ils veulent représenter le Français moyen. L'une des candidates a une tache sombre sur le visage et son nez semble couler. Dans le passé, les posters des candidats étaient déchirés en lambeaux presque aussitôt affichés mais là, le seul à avoir été mutilé est celui de Jean-Marie Le Pen. Son visage est entièrement recouvert d'une couche de peinture rouge sur laquelle ont été gribouillées les lettres P.D., insulte fréquente en Europe, au même titre que toutes celles qui suggèrent un manque de virilité. Dans ce cas, il s'agit simplement, c'est incontestable, d'une description inexacte. Quelques-uns des portraits ont été épargnés ; est-ce la marque d'un soudain respect pour la politique ou le signe de l'apathie des électeurs ? Je demande à une amie de me résumer en un mot ce que lui inspire le terme «élection». Elle me répond : «Saturation.»
Dimanche
Le corps reste le corps
Il m'est arrivé de demander à une amie qui avait été déportée pour des motifs politiques à l'âge de 19 ans s'il était possible de ressentir le moindre désir sexuel dans une sit