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Libération

Pschittt, la présidentielle

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publié le 20 avril 2002 à 23h06

Et si c'était Jacques Chirac, le vrai vote protestataire ? Tout le monde remarque l'indifférence suscitée par l'élection présidentielle. On soupçonne un taux d'abstention énorme, on prévoit pour les extrémistes et les petits candidats un pourcentage total considérable, on commentera avec attention les bulletins blancs. Mais réélire Jacques Chirac président ne serait-il pas la meilleure manière d'exprimer le fameux slogan : «Elections, piège à cons» ? Voici un homme qui s'est mis à dos le peuple de gauche avec le plan Juppé, puis le peuple de droite avec la dissolution, et qui n'a rien fait depuis. Le réélire, c'est dire qu'on en a assez de ces présidents qui prennent les pleins pouvoirs et qui se démènent dans tous les domaines. C'est dire que l'indifférence nous convient. Celle que l'opinion a, semble-t-il, eu vis-à-vis des affaires se transmet désormais à l'élection elle-même. On se fiche qu'Untel soit un voleur, on se fiche qu'Untel soit président. Pschittt, l'élection présidentielle.

Reconnaissons que c'est difficile de trouver «un grand dessein» convenable. On promet de sabrer dans les impôts : tout le monde ricane. On promet de supprimer les SDF : tout le monde ricane. Lionel Jospin a même jugé vraisemblable il y a quelques mois un retour à terme au plein emploi : on n'en parle plus. C'est comme si on était convaincu qu'il y a un palier incompressible, non seulement de chômeurs et de pauvres, mais aussi de malversations, de mensonges et d'inutilité dans la fonction poli