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Libération
Enquête

Un garçon, s'il vous plaît..

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Au Japon, se multiplient les «bars à hôtes» où les femmes peuvent se payer les faveurs de jeunes hommes. Signe de l'émancipation à grande vitesse des Japonaises.
publié le 20 avril 2002 à 23h05
(mis à jour le 20 avril 2002 à 23h05)

Elles sont une trentaine à descendre du bus. Il y a moins d'une heure, ces provinciales aisées, toutes âgées d'une quarantaine d'années, dînaient ensemble à l'Akasaka Prince, un hôtel réputé. Les voici à présent qui débarquent dans Kuyakucho Dori, l'une des artères du Kabukicho, le quartier des plaisirs de Tokyo. Venus les accueillir, deux jeunes guides élégants, smoking noir, chemise blanche et cheveux décolorés, se fendent en courbettes et sourires. Ce soir, les passagères de l'«hato bus» n°28 (les cars à touristes, très populaires au Japon) ont table réservée au New Ai -«Nouvel Amour»- un host club huppé.

Les y attendent une brochette d'hôtes, beaux garçons aux noms épinglés au revers du veston. Shoji, Kaori, Shoichi..Tous sont à louer pour la soirée, ou plus si affinités. Dans le Japon traditionnellement dominé par les hommes, les host clubs sont la réplique au féminin des bars à hôtesses où d'accortes créatures offrent aux consommateurs un réconfort rémunéré.

Les host clubs remontent au Japon aux années 60. La plupart étaient alors des «thés dansants» version nipponne, axés «rencontres». Changement de décor radical aujourd'hui: le plaisir de ces dames est devenu l'un des business nocturnes les plus lucratifs de l'archipel. L'accès de plus en plus répandu des Japonaises au monde du travail, leur refus croissant d'épouser le prétendant choisi par leur famille puis d'être consignées à la maison, la forte augmentation de leur pouvoir d'achat et l'attitude traditionnellement t