C'est ça l'intégration. C'est raconter une histoire qui arrive à un immigré et non une histoire d'immigré, l'une par ailleurs n'empêchant pas l'autre. La Faute à Voltaire, d'Abdellatif Kechiche, envoie paître avec un naturel sans discussion tous les clichés misérabilistes et socioculisants sur la galère d'un clandestin pour propulser immédiatement son personnage dans une autre dimension : les femmes, l'amour. La Faute à Voltaire fait partie de ces films qui suivent leur impulsion avec foi, en retirent une grâce et une originalité toutes neuves, comme si le monde naissait une nouvelle fois avec eux, et qui, en plus de cette fraîcheur, proposent une exigence plastique et un sens du récit à point. Jallel (Sami Bouajila) est un jeune gars qui vient de Tunisie. Au lieu d'être l'objet, la victime ou la proie du film, il en est le narrateur. Au lieu d'être celui que l'on considère de travers, qu'on ignore ou que l'on traite avec condescendance, il est celui qui apporte un regard, et c'est ce regard qui tient le film, et c'est le spectateur qui se sent en train de migrer, vers des terres véritablement d'accueil, où l'indulgence ferait la différence.
Car Jallel fait partie de ces êtres qui ne jugent pas trop vite, qui font confiance, qui ont de la croyance à revendre. Il est, de par son statut illégal, celui qui a besoin de secours, mais c'est en fait lui qui a de l'aide à prodiguer. D'abord à Nacera (Aure Atika), beurette avec enfant qui rêve d'un type comme lui pour panser des bless