C'est le propre de Jean-Marie Le Pen de contraindre ses adversaires à des réponses paradoxales. Pour les amateurs de débat d'idées, c'était du gâteau : sa présence au second tour assure un choc de civilisations. Mais Jacques Chirac a refusé d'aller débattre avec le candidat du Front national. Pour de nobles motifs, naturellement. On soupçonne pourtant que si l'actuel Président était meilleur orateur que son adversaire, si le bilan de son septennat était resplendissant et qu'aucune affaire ne lui collait à la peau, il aurait fait taire plus volontiers ses légitimes scrupules. Cet humanisme ostentatoire ne cacherait-il pas une dérobade ? Jacques Chirac n'aurait-il pas été plus habile d'accepter le débat puis, le matin, de téléphoner pour dire : «Je suis désolé, j'ai la grippe, impossible pour ce soir. Remettons cela à une autre fois» ? A gauche comme à droite, presque tout le monde a pourtant «compris» le Président. Car l'urgence est de le replâtrer : cet homme chargé de nous défendre est tellement fragilisé qu'on a peur à chaque instant qu'il s'écroule sous le poids d'un nouveau scandale. On en est réduit à espérer que Lionel Jospin en disparaissant a légué la vertu à son vainqueur. D'un autre côté, on peut croire plus optimistement que, avec tout ce qu'on a déjà révélé sur lui, Jacques Chirac est mithridatisé : plus rien n'est susceptible de l'atteindre. Peut-être même sera-t-il absous grâce à la haine de Jean-Marie Le Pen. Parions que ce sera plutôt le président du Front na
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