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Libération

Une cérémonie fille de la Révolution française

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publié le 27 avril 2002 à 23h11

Dans sa lutte contre la religion catholique, la Révolution française s'empare d'une arme de fort calibre : l'état civil des Français. Tra ditionnellement, depuis le XVIe siè cle, c'était un pouvoir dévolu à l'Egli se : compter ses ouailles, les répertorier, con naître et surveiller de la vie à la mort, du baptême à l'enterrement en passant par le mariage.

L'administration révolutionnaire s'approprie cette tutelle en laïcisant l'état civil, con fiant, le 20 septembre 1792, la tenue des registres de naissances, mariages et décès, aux officiers municipaux. C'est une dissociation radicale du sacrement religieux et du contrat civil, un bouleversement des pratiques et des mentalités sur lequel aucun gouvernement ne reviendra, l'un des basculements de la France traditionnelle vers son portrait moderne et contemporain.

Pour autant, si le «contrat civil» est institué (avec sa rupture possible : le divorce est autorisé à partir de ce même 20 septembre 1792), ses différents actes exigent une certaine solennité. De simples enregistrements, les actes de l'état civil républicain sont ainsi transformés en rituels de passage, inclus dans une cérémonie : le mariage civil, de même que le divorce ou l'enterrement s'entourent d'un rite municipal qui double les anciennes cérémonies religieuses, des fêtes nationales sont instituées (en hommage à la jeunesse, aux vieillards, aux grandes dates commémoratives), autant de signes témoignant dans la vie quotidienne de l'édification d'une culture propre à