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Interview

Clonage «Une manière d’éviter de faire le deuil»

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Boris Cyrulnik, psychiatre et éthologue:
publié le 27 avril 2002 à 23h11

Le clonage de l’animal familier vous semble-t-il avoir un grand avenir ?

Oui, certainement. Le clonage est une solution technique à l'impossibilité de faire le deuil d'un être aimé, en l'occurrence un animal de compagnie. Il propose de remplacer un chat ou un chien défunt par son double, ou du moins par une image de son double. La procédure sera certes onéreuse, et elle aura une valeur de transgression ­ tant que le clonage en général est tabou. Mais nombreux sont ceux qui n'hésiteront pas à payer ce prix pour une manipulation qui leur permet de dénier la mort de l'animal auquel ils sont très liés. Il suffit pour s'en convaincre de suivre l'histoire de ces femmes qui ont perdu leur enfant et qui sont prêtes à tout pour le remplacer parce qu'elles ne peuvent pas en faire le deuil. C'est ainsi que des enfants sont conçus le soir même de la mort de leur aîné. Dali et Van Gogh sont des exemples célèbres d'«enfants de remplacement», mais il y en a tant d'autres. Selon le même principe, des maîtres se tourneront vers le clonage pour avoir un «animal de remplacement».

Le deuil d'un animal familier serait-il si pénible qu'il puisse être comparé à celui d'un enfant ?

Les chiens et chats ont aujourd'hui une énorme fonction affective, de nombreuses études l'ont montré. Cependant, cette fonction n'est pas reconnue, au point qu'il n'y a aucun rituel de deuil communément admis pour un animal de compagnie. D'autres sociétés ont créé de tels rites, hier et aujourd'hui. Les Egyptiens anciens mo