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Libération

Rien n'est réglé

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publié le 11 mai 2002 à 23h26

Samedi

Quelles «raisons objectives» ?

Téléphone d'Alger. Mon fils Raphaël (22 ans) est stagiaire journaliste depuis deux mois au Soir d'Algérie. Avec passion il a parcouru la Kabylie, le désert, les rues, les cafés, les boîtes de la capitale. Dans un pays où le fanatisme tue encore, il a croisé le désespoir, le vrai, et enrage d'entendre nos belles âmes énumérer les raisons «objectives» du vote Front national : insécurité, exclusion, inégalité, chômage. «Songe qu'ici les jeunes désoeuvrés sont légion, sans couverture sociale. Qui travaille touche souvent un salaire cinq fois inférieur au RMI français. Quant à la corruption, l'insécurité ou la fracture sociale entre la "chi-chi" (la jet-set locale) et le môme de la rue... on n'imagine pas. Si la France calme et repue vote contre la démocratie et qu'on lui trouve des "raisons", qu'attendre des trois quarts du globe ? Ici, les gens se battent pour la liberté, contre le fascisme, malgré la misère, seuls, et nous... La honte.»

Dimanche

20 heures, c'est gagné !

Silence d'après campagne. Avec pas mal d'angoisse, j'attends le verdict des urnes. Le Pen sera battu, mais comment ? Le «séisme» du premier tour a suscité des interprétations opposées. La plus répandue, binaire, oppose la France «d'en haut», vertement désavouée, et la France «d'en bas» dont la protestation diffuse produirait la percée du Front, porte-parole des «sans-grades». Je n'en crois rien. Ne pas confondre deux phénomènes :

1) la constance du vote Le Pen (pas de percée : i