S'il avait été écrit par un politicien démagogue ou un plumitif inconnu, un tel pamphlet n'aurait jamais été publié chez un grand éditeur par crainte du scandale ou des poursuites judiciaires pour incitation à la haine. Le cri de rage de la célèbre journaliste italienne Oriana Fallaci contre l'islam dérive trop souvent en une nauséabonde et interminable éructation contre tous les musulmans considérés en bloc comme des admirateurs ou sicaires d'Oussama ben Laden, contre les immigrés illégaux qui envahissent les villes du vieux continent, «ces fils d'Allah qui se reproduisent comme des rats».
Le pamphlet implique le parti pris, voire l'excès. Il ne permet pas tous les anathèmes même s'ils sont alignés avec un souffle aux accents céliniens, même si leur auteur, antifasciste et résistante dès l'âge de 14 ans, fut pendant les années 60-80 la plus justement renommée des reporters de guerre italiens, couvrant le Vietnam et le Proche-Orient. Ses interviews sans complaisance de la plupart des grands protagonistes de l'époque de Kissinger à Khomeiny, Arafat ou Sharon ont fait date et ses livres les plus connus Lettre à un enfant qui n'est jamais né ou Un homme ont été traduits en quelque trente et une langues.
Luttant contre la maladie pour achever un dernier grand roman qu'elle considère comme «son enfant», Oriana Fallaci s'était installée à Manhattan et gardait le silence depuis dix ans. Puis, il y eut les attentats du World Trade Center. Choquée, indignée, atterrée, elle jeta