«Parfois, je commence à jouer à 6 heures du soir et, soudain, il est 9 heures du matin. Si je pouvais arrêter le temps pour continuer à jouer, je le ferais.» Martin a 35 ans et une allure de garçon sage. Enfant, il a été adopté par une famille aisée. Il vit, à ce jour, de squat en squat. Sevré de son traitement de substitution à l'héroïne, il prend toujours des neuroleptiques et des tranquillisants. Et alterne périodes sous produits avec celles où il joue sans fin, dans la joie et la souffrance. Martin est un cas de ce qu'on appelle la «cyberdépendance», soit l'addiction aux nouvelles technologies, jeux vidéo, sites Internet, informatique pure. De plus en plus, les centres de soin spécialisés dans la toxicomanie (CSST) voient arriver ce genre de patients. «Au début, on se voyait avec Martin pour ses problèmes de toxicomanie», explique Dan Véléa, médecin au CSST Marmottan (Paris XVIIe), «et au bout de deux ans, on a découvert d'autres formes d'addiction. Désormais, on s'occupe de son rapport aux jeux vidéo». Idem à l'hôpital Pompidou, où «on a une quinzaine de ces patients au centre Monte-Christo, dit le docteur William Lowenstein, spécialiste de la question. Ils viennent en effet d'abord consulter pour abus de substances psycho actives. Et, derrière cette souffrance-là, on débusque souvent une addiction sans absorption de toxiques». «Clinique des addictions.» Tel cet homme de 40 ans venu à Marmottan parce qu'il se dit «accro au tabac». Au cours du premier entretien avec le m
Les cyber drogués
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publié le 8 juin 2002 à 23h53
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