De Boileau et Narcejac, Hitchcock se rabattit sur D'entre les morts (dont il fit Vertigo avec l'inspiration que l'on sait), faute d'avoir pu acquérir quelques années auparavant les droits de Celle qui n'était plus, devenu finalement les Diaboliques entre les mains de Clouzot. En dépit de son ingénuité, qu'il ne dépasse que rarement, ce dernier n'arrive pas à la cheville du chignon vertigineux de Kim Novak. L'un est immortel, l'autre s'inscrit désormais dans un pittoresque français d'après-guerre péniblement daté, dont l'artifice est renforcé par l'abus de cruauté qui anime Clouzot. Sans doute parce qu'une autre vision s'est historiquement imposée depuis (la cruauté est moins celle d'un individu que celle d'un système), un film trouvant son unique énergie dans la méchanceté gratuite des rapports humains ne peut que mal vieillir. Bien sûr, le roman et le film sont plus malins que ça et les sévices moraux subis par une pauvre directrice d'école bigote et cardiaque de la part de son mari ne sont que le prétexte à un dispositif, en l'occurrence policier, beaucoup plus ludique. Mais on passe quand même énormément de temps aux côtés de la victime, dont le cheminement, uniquement dominé par la peur, est laborieux. Comment le réalisateur, à plus forte raison le spectateur, pourrait-il se passionner pour un personnage qu'il a condamné à être dupe de bout en bout ?
Ce qui marche bien en revanche tient à l'insondable problématique de n'importe quel criminel (que faire du corps, thème cin