La défaite de la gauche aux élections législatives n'est pas seulement la sixième alternance consécutive en ce qui concerne l'Assemblée nationale, record d'Europe et signe que le parti des protestataires demeure bien le premier parti de France, quelle que soit l'orientation politique de la majorité sortante. Elle s'inscrit également dans un vaste mouvement de reflux de toute la gauche européenne au sein de l'union des Quinze. La France après le Portugal, les Pays-Bas, le Danemark, l'Italie, l'Autriche et, depuis plus longtemps l'Espagne, avant sans doute l'Allemagne : une vague bleue succède à une vague rose. A contrario, l'Irlande vient de confirmer sa majorité de centre droit. En un an, la droite a gagné toutes les élections législatives et la gauche, perdu le pouvoir partout où l'on votait, nation après nation. Soit dit en passant, cela confirme l'aveuglement de ceux qui, comme Jean Pierre Chevènement, ont prétendu durant des mois que le clivage gauche/droite était caduc avant de se dédire piteusement. L'antique frontière ne couvre certes pas tout le spectre des grands affrontements politiques d'aujourd'hui, mais elle demeure le concept clé qui cristallise ou fédère les antagonismes.
La question centrale qui se pose maintenant est de savoir pourquoi ce reflux général des gauches européennes, pourquoi en ce début des années 2000. Deux données massives sont apparues durant cette période : la peur et la colère suscitées par le terrorisme international symbolisé par les attent