Menu
Libération
Reportage

Princesse d'un jour

Article réservé aux abonnés
Spectacles d'effeuillage masculin, bamboches alcoolisées, gages dans la rue, déguisement ou chasse au trésor font partie de l'arsenal des enterrements de vie de jeune fille. Un rituel aussi populaire maintenant que chez les garçons.
publié le 22 juin 2002 à 0h03

Trois Bridget Jones sur un canapé. Adèle, Claire, et Solène, 24 à 26 ans, toutes belles, blondes, célibataires et pomponnées, attendent dans un état de surexcitation proche du délire la «star de la journée», Julia, une copine de lycée qui aujourd'hui «enterre sa vie de jeune fille». Adèle relit une dernière fois le «planning des événements», établi minute par minute. Claire, sa colocataire, se lève d'un bond : «on a oublié la musique d'accueil !». Elles se ruent sur la chaîne hi-fi. «Like a virgin ?» «Non». «Pretty woman ?» «Bof». On sonne. Cris d'hystérie. «C'est elle !». Pile à l'heure, Julia, 26 ans, pénètre dans l'appartement. Elle se marie dans une semaine et ne sait rien, si ce n'est que ses amies et sa soeur Stéphanie complotent pour ce «grand jour avant le grand jour» depuis des mois. «Assieds-toi là», «bois une coupe», «lève-toi», «enfile ça !». Julia est emmaillotée de drap blanc, entortillée de tulle rose, coiffée d'un voile et d'un diadème en plastique jaune. «Allez, on sort !». «Les filles, attendez, j'ai honte», bafouille Julia en avalant trois coupes d'une traite.

Dans la rue, une artère commerçante du XVIIe arrondissement parisien, premier gage : «Tu vas draguer le p'tit mec là-bas, devant le Monop.» Tout est prévu : le «p'tit mec» est un complice. Musicien, il dégaine son violon et entame une danse yiddish. Les passants s'arrêtent, amusés mais pas surpris. «C'est sûrement un enterrement de vie de jeune fille», commente la coiffeuse sur le pas de sa boutique.